Il y a des voyages qui ne se racontent pas.

C’est impossible de tout rendre, de tout raconter, de tout banaliser en quelques phrases, pour répondre à « Alors, ce voyage ? » ou à des tentatives plus ciblées du style « Qu’est-ce qui t’a le plus marqué ? »

​Le voyageur n’a pas de mots, s’il n’est pas un peu poète, et quand bien même, on ne percevrait que quelques images, en flash, en flou.

​Parce qu’un voyage, en fait, ça se vit. Ça se ressent. Ça se sent à chaque battement de cœur. C’est les pas qu’on a laissés sur le sable ou le sourire qu’on a dessiné sur un visage au détour d’un arrêt de la mauvaise ligne de bus.

Et puis on a inventé l’appareil photo.

Alors on se rend un peu mieux compte.

Mais là encore, ce n’est qu’une bribe, bridée par un cadrage volontaire, serrée entre deux œillères, fermée dans un cadre où on l’y laissera peut-être au-dessus d’un bureau.

Et seul le voyageur en regardant ces couleurs figées pourra faire le grand plongeon, et verra la grande image ; lui seul ressentira les odeurs, le vent dans sa nuque et la joie dans son cœur, comme lorsqu’une image de rêve nous revient soudain et que toute l’histoire onirique découle du subconscient dans notre mémoire suite à ce déblocage fortuit.

​Alors sans mots, sans musique, sans histoires ni trompette, voici quelques images de derrière les frontières.

« Alors ce voyage ? Raconte ! »

« Eh bien, regarde ; c’était… un peu comme ça. »